法国人是这样的。他去了植物园(jardin des Plantes),在那里呆了半小时,和看守聊个天,再拿个面包喂一下这骆驼。然后呢,他举起他的伞,用伞的那个尖尖头来逗逗这骆驼。这样就差不多了,他就回家写。写啊写,就给他的刊物写成了专栏,文笔老辣,富于启迪,但到处都是他自己的总体感受(plein d'aperçus piquants et spirituels)。
最后德国人上了,他觉得这法国人写的太轻浮(frivolité)了,英国人写的没有什么总体的想法。带着这种对法国人与英国人的鄙夷,他就把自己关在他的房间里,经年累月,终于他完成了一部卷帖浩繁的巨著,标题是这样的:《基于主体自我的理念而推演出的骆驼之观念》(Ideé du chameau tiré de la conception du moi)。
知乎不能传图片,那我就引用一下法国哲学大拿Marion的一段话吧,仅以法式现象学和德式现象学的不同来谈一谈法德两国哲学风格的差异:
以下文字摘自Marion的文章“Un moment français de la phénoménologie”
Du moins pouvons-nous, dès maintenant, identifier le motif de ces modifications et de cette permanence : la phénoménologie a plus progressé dans son moment français qu'en d'autres, simplement parce qu'elle n'a cessé, en pratiquant la réduction, l'intentionnalité et la constitution, non sans risques et périls, de s'aventurer dans des terrains qu'avaient ignorés même Husserl et Heidegger. Ou plutôt, nous n'avons découvert que Husserl et Heidegger les avaient ignorés que précisément parce que Levinas et Sartre, Ricœur et Derrida, Merleau-Ponty et Henry, et d'autres nous les ont ouverts. On ne s'étonnera pas de ces rapprochements, qu'autorise le souci de l'essentiel : Levinas et Sartre ont, à des degrés de radicalité évidemment fort différents, centré l'intentionnalité sur autrui et donc l'éthique. Ricœur et Derrida, qu'en apparence presque tout a opposé, ont pourtant reconduit l'un et l'autre la questionde la phénoménalité jusqu'au texte, à l'écriture et donc à la visibilité presque absente de sa trace. Merleau-Ponty et Henry sont revenus, Tun par paliers, l'autre abruptement, de l'extase claire du monde à l'obscurité, pourtant phénoménale, de la chair. A chaque fois, ils se sont sans doute (ou peut-être) frayé un chemin à partir d'indications tacites laissées par Husserl et Heidegger ; mais, sans leurs percées paradoxales, ces indices fussent restés muets.[1]